Myô marchait dans les rues dévastées du Village pour savourer le calme des lieux. D'un pas lent et décidé, il balayait d'un regard à l'air froid les alentours, ne laissant aucune parcelle lui échapper. Les maisons n'étaient guère que des tas de pierres rongées par le temps et la pluie, leurs rares fenêtres n'étaient composées que de bois moisi et le verre avait été brisé depuis longtemps, on pouvait voir sur certaines fissures du sang qui datait certainement du Cataclysme. Les portes n'étaient plus présentes sur certains logements, défoncées par des débris ou mise en pièces par des pilleurs qui seraient passés par là auparavant, espérant trouver de quoi manger ou de quoi vendre pour leur propre survie. L'akuma n'affichait qu'un air inexpressif à la vue de ces tas de déchets, peu lui importait l'histoire de ces lieux, seul l'intéressait le silence. Il ne lui fallu que quelques mètres encore pour atteindre le parc, du moins ce qu'il en restait, surnommé "décharge". Il s'approcha de la fontaine, prenant garde à ne pas trébucher sur l'une des nombreuses fissures qui abîmaient le sol, qui avait été magnifique autrefois d'après lui et ses souvenirs qu'il avait en partie perdus, et s'assit sur son bord. Il caressa la surface de ses doigts fins et ferma les yeux, un vent glacial vint alors souffler en ce lieu, le ciel se couvrit et la neige tomba peu après sur le dévasté. Le jeune homme rouvrit son regard d'un bleu profond et tendit la main, paume vers le ciel, attendant qu'un flocon vienne y trouver refuge. Cela fait, il regarda ce dernier et souria doucement tout en nouant son écharpe autour de son cou, il ne savait pas vraiment comment il faisait pour faire neiger ainsi ou faire surgir du sol des pics de glace pouvant perforer n'importe quoi, même si il n'ignorait pas que cela avait un quelconque rapport avec la catastrophe arrivée plus tôt. Il regarda ensuite le manteau sombre qu'avait revêtu le ciel, vêtement à l'aspect cotoneux qui ne s'étendait pas plus loin qu'aux frontières du parc.
Il demeurait pensif, sa queue de dragon blanc -l'idée de laisser les autres la voir ne l'effrayait pas plus que ça- remuant doucement derrière lui, essayant d'immaginer à quoi ressemblait réellement le sinistre avant le drame. Il voyait des enfants courrir dans l'herbe verdoyante, pleins de vie, lâchant des éclats de rire plus ou moins enjoués, sous la surveillance bienveillante de leurs parents ainsi que quelques animaux se baignant dans l'eau froide de la fontaine alimentée par la danse immobile de l'ange aux grandes ailes de pierre qui lui servait de décoration. Il entrevoyait également de la verdure aux alentours, arbres et arbustres, où de petits êtres tels les écureuils ou encore les petits chanteurs du jour avaient bâtis leur demeure. Mais le monde aujourd'hui avait été si corrompu par le désastre qu'il en était méconnaissable, la contrée, tout comme les habitants qui la peuplait encore en ces jours, avait été marquée. Myô perdit son sourire, c'était inutile d'en afficher un sur ce si beau visage car il ne serait jamais rendu. L'akuma referma les yeux, laissant le vent caresser ses joues de son souffle glacé, puis rouvrit à nouveau son regard : une personne semblait lui faire de l'ombre. Mais en y regardant bien, il n'y avait pas d'autres individus ici, mis à part lui, il avait dû rêver malgré qu'il aurait juré que cette personne lui tendait la main comme pour l'insiter à la rejoindre. Il se leva de son support, trouvant cela étrange d'avoir encore des illusions à ce jour. Il pouvait malgré ça sentir l'air qui devait être moins froid à plusieurs mètres de sa personne. Myô détourna son regard vers le banc sous lequel reposait la tête de l'ange, à présent, en morceaux. Il s'en approcha, prit le reste de la statue entre des mains qu'il n'avait pas peur de salir et regarda cette boîte crânienne fait de pierre moisie et poussièreuse. L'un des yeux avait disparu, détruit par le temps et le nez et la bouhe avaient été sauvagement brisés, seule la partie plus élevé du côté gauche était restée intact. Un petit craquement suivit de bruit de pas fit faire un bond arrière au jeune homme aux cheveux bleus qui vint se percher sur le haut de la fontaine. Il était sur ses gardes sans le parraître réellement, quelqu'un approchait et lui était tel le prédateur qui attendait sa proie.
Qui est là ? demanda t-il d'une voix sombre et assurée.
Il jura alors voir une silhouette s'approcher de lui. Qui était-ce donc ? Myô remua la queue d'une manière joueuse, prêt à bondir. Il fronça légèrement les sourcils et mit ses mains dans ses poches, attendant patiemment que cette personne se montre à son beau mais dangereux regard...